Sur les traces du vent : explorer les sentiers côtiers de Bretagne

14/06/2025

Le GR34 : le mythique sentier des douaniers


Impossible d’évoquer les sentiers bretons sans citer le GR34, ce ruban rouge et blanc qui épouse les vallonnements du littoral sur plus de 2 000 km, de la baie du Mont-Saint-Michel au pont de Saint-Nazaire. Créé à la fin des années 1960 sur la trace des anciens chemins de surveillance des douaniers (chemin des contrebandiers), le GR34 a été élu « GR préféré des Français » en 2018 (source : Fédération Française de la Randonnée Pédestre).

  • Longueur totale : env. 2 090 km
  • Temps moyen pour le réaliser en entier : 3 mois
  • Saison idéale : de mai à septembre, mais chaque saison a ses couleurs : bruyère en été, nuances de gris et de vert en automne et hiver

Parmi ses tronçons les plus remarquables :

  • De Saint-Malo à Cancale : falaises du cap Fréhel, plages, forteresses marines, et l’une des plus vastes baies d’Europe où l’on récolte les fameuses huîtres plates. (Environ 24 km, compter une journée).
  • De Douarnenez à la Pointe du Raz : l’un des passages les plus spectaculaires, entre presqu’île sauvage et corniches abruptes où les panoramas se méritent à force de montées et de descentes parfois raides. Attendez-vous à un spectacle d’écume et de vent.
  • De Perros-Guirec à Ploumanac’h : la Côte de Granit Rose, ses chaos de blocs ou « tas de sucre », offre une lumière inimitable au lever ou coucher du soleil.

Le balisage rouge et blanc est fiable. À noter : sur certains tronçons, l’hébergement peut se faire rare, mieux vaut préparer ses étapes.


La Côte de Granit Rose : symphonie minérale et lumière bretonne


L’une des côtes les plus étonnantes d’Europe : entre Perros-Guirec, Ploumanac’h, Trégastel et Trébeurden, la sphère minérale règne. Les rochers aux formes extravagantes, parfois roses pâles, parfois safran, s’alignent sur près de 15 kilomètres de sentier côtier.

  • Le sentier des Douaniers (GR34) de Ploumanac’h : un itinéraire de 8 km, accessible à toutes et tous, sillonne les amas granitiques et offre des points de vue exceptionnels sur les Sept-Îles, sanctuaires aux oiseaux (fous de Bassan, macareux…).
  • Trégastel et l’île Renote : boucle de 4 km, tout en douceur — à marée basse, le spectacle de la mer qui se retire donne l’impression de marcher sur une autre planète.

La Côte de Granit Rose ne cesse de fasciner les géologues comme les peintres, offrant parfois des teintes surréalistes selon l’incidence du soleil et l’humidité de l’air (source : Géoservices, Université Rennes 1).


Cap Fréhel et cap d’Erquy : les falaises en majesté


Au nord, se dressent deux caps jumeaux, gardiens de la baie de Saint-Brieuc. Leurs falaises peuvent atteindre 70 mètres de hauteur, couvertes de landes à bruyère et d’ajoncs d’un jaune éclatant au printemps.

  • Boucle Fréhel – Erquy : 16 km environ (compter 5h) — alternance de panoramas ouverts et de bosquets, plages secrètes lovées au creux de petites criques, et vues à couper le souffle sur la Manche. Les phares du Cap Fréhel et les roches rouges du Cap d’Erquy scandent le parcours.
  • Observation faune et flore : héronnières, faucons pèlerins, flore protégée (l’Armérie maritime, endémique). Les caps sont classés « Grand Site de France ».

La lande du Cap Fréhel offre l'un des plus beaux printemps de Bretagne, où 800 hectares se parent de rose et de jaune (source : Syndicat mixte Grand Site Cap d’Erquy–Cap Fréhel).


Entre Douarnenez, Crozon et la Pointe du Raz : la Bretagne à l’état brut


La presqu’île de Crozon taille la carte de Bretagne de ses pointes acérées. Les sentiers ici glissent sur les croupes de schiste et de quartz, marquant les limites du continent, telles les Pointes de Pen-Hir et de Dinan.

  • Pointe du Raz – Pointe du Van : boucle de 12 km, tel un promontoire vers l’Amérique — à l’ouest, la baie des Trépassés, célèbre pour ses légendes de naufrageurs...
  • Sentier de Crozon : une quarantaine de kilomètres de sentier balisé, entre Camaret-sur-Mer, Morgat et la plage de l’Aber. L’un des tronçons les plus sauvages du GR34.

La Pointe du Raz accueille chaque année près d’un million de visiteurs, mais il suffit d’un détour à l’aube ou hors saison pour retrouver la quiétude des lieux (source : Office de tourisme de Douarnenez–Crozon–Cap Sizun).


La côte sud : le Morbihan, douceur et lumière atlantique


Plus au sud, l’ambiance change : les falaises s'adoucissent, le granit cède la place à des plages blondes, parfois bordées de pins ou de marais salants.

  • Presqu’île de Quiberon : environ 8 km entre Portivy et Quiberon, le long d’une « côte sauvage » exposée aux vents de l’Atlantique. Les couchers de soleil y sont célèbres, et les criques parfois désertes hors été.
  • Golfe du Morbihan : plus de 180 km de rivages, chapelet d’îles (Ile-aux-Moines, Ile d’Arz...), et chemins souvent ombragés. Ici, le rythme se fait plus doux, entre port ostréicole et villages fleuris.

Un microclimat rend la côte du Morbihan une des plus tempérées de France : on y trouve même des palmiers, notamment à Vannes ! (source : Météo France, climat Bretagne sud)


Îles bretonnes : marcher au bout de la terre


Prendre un bateau et franchir un bras de mer : l’aventure continue sur les îles, où le temps semble suspendu et la lumière plus vive.

  • Ouessant : environ 45 km de sentiers balisés tout autour de l’île. Une biodiversité rare, des phares mythiques (phare du Créac’h, phare de la Jument), et des paysages où la lande et les falaises dominent. Le GR34 en fait le tour pour une immersion totale sur 2 à 3 jours.
  • Belle-Île-en-Mer : 83 km de sentier côtier, cris de goélands pour bande-son, et succession de criques, plages et falaises. L’île, chère à Monet, offre des nuances d’ocre et de vert presque irréelles par beau temps.
  • Île de Groix : parcourir les 27 km du tour de l’île pour découvrir la « plage convexe » et les mystérieux schistes bleus de Port Saint-Nicolas.
  • Archipel des Glénan : connu pour son sable blanc et ses eaux turquoise, une atmosphère caraïbe, accessible seulement en haute saison.

Randonnée sur les îles rime souvent avec autonomie : peu de points d’eau potable ou de commerces hors villages principaux, prévoir de quoi s’équiper et toujours consulter les horaires de bateaux pour ne pas rater le retour.


Conseils pratiques & inspirations pour préparer son itinérance


  • Équipement recommandé : chaussures de marche étanches, coupe-vent, lunettes pour le sel et le sable, jumelles pour l’observation des oiseaux, et carte IGN (ou GPS)
  • Sécurité : attention aux marées sur certaines portions : la Bretagne compte plus de 1 700 plages, et quelques passages de sentiers deviennent inaccessibles à marée haute (consulter les horaires sur maree.info).
  • Respect de la nature : ne pas cueillir la flore locale, respecter les oiseaux nicheurs (plus de 300 espèces recensées sur les côtes bretonnes, Office français de la biodiversité).
  • Hébergement : gîtes d’étape, chambre d’hôtes, campings, mais aussi bivouac toléré dans certains secteurs à condition de rester discret (hors sites protégés).
  • Seul, en famille ou entre amis : la Bretagne offre des sentiers bien balisés et variés, avec des étapes courtes adaptées aux enfants, et des tronçons sportifs pour les plus aguerris.

Pour le transport, la Bretagne est reliée par une ligne de TER longeant la côte nord et de nombreux bus locaux permettent de retrouver son point de départ, facilitant la rando « en étoile » ou le parcours linéaire (source : Breizhgo.bzh).


Cheminer sur les côtes bretonnes : une invitation renouvelée


De Saint-Malo jusqu’à l’océan sud du Morbihan, chaque portion du sentier côtier breton dispense sa musique : craquement des ajoncs, mugissement du vent, roulis des galets. S’aventurer sur ces chemins, c’est accéder à une compréhension intime de la Bretagne et de sa diversité, depuis la rudesse des caps jusqu’à la douceur de ses îles. Les sentiers sont ouverts, la Bretagne n’attend que vos pas pour raconter ses légendes et vous offrir la puissance de ses horizons. Peu de régions concentrent autant de lieux mythiques à portée de balade, à explorer sur une journée ou une vie entière.

Pour approfondir, détailler chaque étape ou s’inspirer de nouveaux sentiers, des ressources complémentaires s’offrent sur les sites de la FFRandonnée, des Offices de Tourisme locaux, ou sur MonGR.fr.


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