Marcher entre sommets et forêts : randonnées inspirantes dans les Alpes et le Jura

Alpes : la randonnée sous toutes ses formes

Des itinéraires pour tous les randonneurs

Impossible d’englober les Alpes françaises d’un seul regard : elles s’étendent sur près de 350 km de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes, et cumulent plus de 180 sommets de plus de 3000 mètres, dont le Mont Blanc (4810 m), point culminant d'Europe occidentale (IGN). Le montagnard chevronné y trouvera son paradis, tout comme celui qui découvre la marche d’altitude.

• Tour du Mont Blanc (TMB) : 170 km, 10 000 m de dénivelé positif, 7 à 11 jours. L’un des plus parcourus d’Europe. Il contourne le massif du Mont Blanc en passant par la France, l’Italie et la Suisse (Guide du Routard Mont Blanc).
• GR5, la Grande Traversée des Alpes : de Thonon-les-Bains à Nice, 620 km, 39 000 m de dénivelé positif. Un itinéraire légendaire, accessible par sections et offrant une immersion dans la diversité alpine (FFRandonnée).
• Vanoise – Tour des Glaciers : dans le parc national, sur 7 à 9 jours, un cheminement entre glaciers, bouquetins et villages perchés.
• Massif des Écrins – GR54 : 180 km, 12 800 m de dénivelé positif, paysages minéraux inoubliables, passages à plus de 2500 m, nuits en refuges authentiques (Parc national des Écrins).

Mais toutes les randonnées alpines ne réclament pas d’être un sportif aguerri : de nombreux itinéraires en balcon, autour des lacs (Lac d’Annecy, Lac du Bourget…), ou au cœur des alpages permettent de goûter la montagne de façon accessible, en famille ou en balade à la journée, notamment dans les Bauges, la Chartreuse ou le Queyras.

Moments d’exception sur les sentiers alpins

Le massif alpin se distingue par une richesse d’ambiances inégalée :

• Le lever du jour sur la Mer de Glace, à Chamonix, où la montagne bascule brutalement dans la lumière.
• La traversée de la vallée du Valgaudemar, qualifiée de “petit Himalaya français” par les guides, pour ses glaciers suspendus et ses cascades dévalant les flancs (Parc national des Écrins).
• Le jardin secret du Queyras, l’un des massifs les plus ensoleillés de France, où la flore d’altitude compose, de juin à août, des variations infinies de couleurs.
• Le Désert de Platé (Haute-Savoie), immense lapiaz d'altitude, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO (UNESCO), qui donne la sensation de marcher sur une mer de pierre.

La nature y reste souveraine : selon la LPO, on compte dans les Alpes françaises 200 espèces d’oiseaux nicheurs et près de 80 espèces de mammifères, dont le bouquetin, sauvé de l’extinction dans le massif de la Vanoise dès la fin du XIXe siècle (LPO).

Le Jura : douceur, silence et diversité secrète

Un massif à taille humaine

À l’ombre des géantes alpines, le Jura déploie sur environ 340 km ses crêtes, forêts et plateaux, du nord au sud, bordant la frontière suisse. Ce massif calcaire à la topographie singulière ne dépasse pas 1 720 m (Crêt de la Neige), mais offre un terrain d’exploration aux ambiances changeantes : forêts de hêtres immenses, combes encaissées, prairies, tourbières et belvédères vertigineux.

• Le sentier des crêtes du Jura (GR5) : 400 km de la vallée de l’Ain à la frontière suisse, alternant panoramas sur les Alpes et passages forestiers. Certaines sections (comme de Lélex à Mijoux) offrent des points de vue spectaculaires sur le lac Léman et les Alpes, par temps clair.
• Tour du Mont d’Or et du Morond : une boucle de 25 km accessible à la journée, entre forêts, pâturages à vaches montbéliardes et villages francs-comtois.
• Traversée du Haut-Jura : 180 km de sentiers, faune rare (lynx, grand tétras), traversée de la réserve naturelle nationale, reconnue zone Natura 2000 (Parc naturel régional du Haut-Jura).

Des randonnées pour tous les goûts

• Les fossiles de Loulle, ou comment marcher sur les traces de dinosaures vieux de 150 millions d’années, dans une ancienne carrière aujourd’hui aménagée pour le public (Office de Tourisme Champagnole).
• Les cascades du Hérisson : sept chutes successives sur 3,7 km de sentier, un site classé “Grand Site National”, avec 100 m de dénivelé positif (Grand Site Cascades du Hérisson).
• Les lacs jurassiens (Chambly, Narlay, Ilay…), véritables joyaux d’altitude, que l’on découvre à travers de douces marches, idéales en toutes saisons, notamment l’été pour profiter de la fraîcheur.

Choisir son itinéraire : critères et conseils pratiques

Quand partir ?

• Dans les Alpes, la saison s’étire de juin à septembre pour les itinéraires d’altitude, mais certaines vallées plus basses (Bauges, Chartreuse…) se prêtent à la randonnée dès mai et jusqu’à octobre.
• Dans le Jura, les sentiers sont accessibles plus tôt dans l’année, et l’automne y offre l’une des plus belles palettes de couleurs de France, notamment pour les forêts de feuillus.

Refuges, bivouac, hébergements

• Les Alpes comptent plus de 250 refuges gérés par le Club Alpin Français, souvent ouverts de juin à septembre. Réserver à l’avance est vivement conseillé en saison (CAF / Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne).
• Dans le Jura, on trouve gîtes d’étape, chambres d’hôtes et plusieurs sites de bivouac aménagés, notamment autour des lacs, ainsi qu'une tradition d’accueil chez l’habitant.

Dans les deux massifs, le bivouac reste possible sous conditions (altitude, éloignement des routes, respect de la réglementation des parcs nationaux et naturels régionaux – consulter les sites officiels).

Faune, flore et fragilités

Ces territoires sont des refuges pour de nombreuses espèces protégées :

• Bouquetins et marmottes des Alpes : observer sans déranger, privilégier les sentiers balisés afin de limiter le piétinement des herbiers fragiles.
• Lynx boréal (réintroduit dans le Jura, population estimée 100 à 150 individus selon OFB 2023), plus facile à deviner par ses empreintes que directement visible.
• Fleurs d’alpage et orchidées du Jura : près de 80 espèces d’orchidées recensées, parfois protégées, ne pas cueillir.

Spécificités météo et sécurité

• En Alpes, la météo de montagne est très changeante : consulter la veille Météo France, prévoir toujours une polaire même en été, attention aux orages soudains (plus de 60 % des interventions de secours sont dues à des mauvaises conditions météorologiques, selon le PGHM).
• Dans le Jura, les brouillards et tempêtes de neige sont fréquents en hiver et à la mi-saison sur les crêtes. Cartes IGN (papier ou appli), GPS et boussole restent des compagnons précieux, tout comme l’art de ralentir si la visibilité chute.

Suggestions d’itinéraires moins connus

• La traversée du plateau du Retord (Ain) : de bois en combes, immersion douce à l’abri du vent, rencontres probables avec des attelages de chiens de traîneaux hors saison neige.
• Le lac de Peyre (Haute-Savoie) : une randonnée d’altitude accessible, parmi les bouquetins et panoramas saisissants sur la chaîne du Bargy.
• Le tour du lac de Vouglans : 80 km de rives émeraude pour marcher sur les traces de l’ancien village englouti, entre forêts et belvédères. Possibilité de couper en plusieurs étapes (Office de Tourisme Jura).

Paysages à hauteur de marche : invitation à explorer autrement

Au fil de leurs sentiers, Alpes et Jura offrent bien plus que l’épreuve de l’altitude ou l’accumulation de kilomètres. Ce sont des territoires propices à la contemplation patiente, où le rythme de la marche ralentit le temps et affine le regard : un rapace qui plane au-dessus d’une crête, l’odeur du sapin juste après la pluie, l’écho des cloches dans la brume des combes, la caresse du vent sur la roche nue.

Marcher ici, c’est faire l’expérience d’une connivence rare avec la nature, d’un dialogue silencieux avec les paysages de France. Que l’on cherche la solitude des hautes routes, l’abri d’un refuge, l’aventure sur les traces de l’histoire géologique, ou la douceur d’une halte près d’un lac, chaque pas dans ces massifs agrandit le voyage.

On n’a jamais vraiment fini d’explorer les Alpes et le Jura : il suffit d’ouvrir une carte, de choisir un sentier, et d’oser l’inattendu. Les chemins sont là, prêts à livrer leurs secrets à qui veut bien marcher avec curiosité et émerveillement.