Marcher sur les traces de Saint-Jacques au cœur du Massif Central

10/10/2025

Aller à la rencontre des grands espaces et des vieilles pierres


Traverser le Massif Central à pied par les chemins de Saint-Jacques, c’est se mesurer à une mosaïque de paysages préservés, de crêtes balayées par le vent, de pâturages secrets, et de villages ancestraux. Sur ces sentiers, la marche redonne son rythme au temps, et chaque pas est une invitation à la découverte : tant du patrimoine que de soi-même. Mais entreprendre une randonnée itinérante ici, entre volcans, plateaux et vallées sauvages, demande un minimum de préparation pour profiter pleinement de l’aventure, loin de la foule des grands classiques pyrénéens.


S’orienter sur les chemins de Saint-Jacques dans le Massif Central


Le Massif Central est traversé par deux grandes voies jacquaires historiques : la Via Podiensis (GR®65), au départ du Puy-en-Velay, et la Via Arverna, depuis Clermont-Ferrand. La Via Podiensis, l’itinéraire le plus fréquenté, traverse l’Aubrac, la Margeride, la vallée du Lot et le Quercy, sur environ 750 km jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port. La Via Arverna, moins connue, rejoint ensuite la voie du Puy à hauteur de Cahors.

  • La Via Podiensis : environ 160 km dans le seul Massif Central, du Puy-en-Velay à Conques, en passant par Nasbinals, Aubrac et Estaing.
  • La Via Arverna : près de 580 km depuis Clermont, avec une belle traversée de la Châtaigneraie cantalienne et de la vallée du Lot avant Saint-Cirq-Lapopie.

Pour s’orienter, on peut faire confiance au balisage rouge et blanc des GR®, entretenu par la Fédération Française de Randonnée (source : FFRandonnée), ou utiliser des guides spécialisés comme le Miam Miam Dodo ou les topos GPX des sites officiels.


Choisir sa période : quand partir sur les sentiers de Saint-Jacques ?


Le Massif Central, aux printemps précoces et aux automnes éclatants, révèle toute sa beauté entre mai et début octobre. Le mois de juin est idéal : pâturages fleuris, météo clémente mais encore peu de foule. En juillet-août, les températures restent tempérées sur les plateaux, comparées à d’autres régions, mais les orages peuvent frapper vite et fort dans l’Aubrac (source : Météo France). L’arrière-saison – septembre à début octobre – offre lumière dorée, brumes matinales et rencontres paisibles.

À noter que sur l’Aubrac, les neiges subsistent parfois jusqu’à mai et certains hébergements ferment d’octobre à avril. La prudence est de mise à l’approche de l’hiver : entre l’altitude (jusqu’à 1469 m au Signal de Mailhebiau) et les chemins isolés, il faut anticiper l’équipement adéquat.


Planifier son itinéraire : étapes et temps de parcours


La portion la plus mythique du Massif Central sur la Via Podiensis s’étend du Puy-en-Velay à Conques sur environ 200 km. Un randonneur moyen parcourt 20 à 25 km par jour, soit 8 à 10 jours de marche. Quelques jalons pour rythmer la traversée :

  • Puy-en-Velay – Saint-Privat-d’Allier : 23,5 km
  • Saint-Privat-d’Allier – Saugues : 19 km
  • Saugues – Le Sauvage : 19 km
  • Le Sauvage – Aumont-Aubrac : 28 km
  • Aumont-Aubrac – Nasbinals : 26,5 km
  • Nasbinals – Saint-Chély d’Aubrac : 16,5 km
  • Saint-Chély d’Aubrac – Espalion : 23,5 km
  • Espalion – Estaing : 12 km
  • Estaing – Golinhac : 15,5 km
  • Golinhac – Conques : 21 km

Le GR®65 est ponctué d’étapes emblématiques, comme l’abbatiale de Saint-Chély, le pont gothique de Saint-Geniez d’Olt ou les ruelles médiévales de Conques. La diversité du relief, du plateau d’Aubrac aux gorges du Lot, garantit une expérience physique et sensorielle riche, sans difficulté technique majeure mais avec de longs faux plats et quelques montées raides.


Préparer sa logistique : hébergements, ravitaillement et transports


Des accueils chaleureux et variés

Les chemins de Saint-Jacques dans le Massif Central sont réputés pour leur hospitalité. On trouve :

  • Gîtes d’étape communaux ou privés, auberges jacquaires, chambres d’hôtes et petits hôtels. Entre le Puy et Conques, plus d’une trentaine d’hébergements jalonnent la route ; leur capacité varie de 6 à 40 lits (source : Chemins de Compostelle).
  • Accueil « chez l’habitant » – formule parfois gratuite avec donativo, en particulier autour de Saugues, Nasbinals, Saint-Côme-d’Olt.
  • Camping : plusieurs terrains municipaux, notamment à Saint-Privat, Nasbinals, ou autour d’Espalion, ouvrent aux pèlerins de mai à septembre.

Réserver tôt est conseillé, surtout au printemps et à l’automne. Les sites de réservation et guides officiels recensent les coordonnées actualisées chaque année.

Ravitaillement : autonomie ou épiceries ?

Si la Via Podiensis ne traverse pas de véritables « déserts alimentaires », certains tronçons (Aubrac, Margeride) imposent des étapes de 20-25 km sans commerce. Nasbinals, Aumont-Aubrac, Espalion et Saint-Côme-d’Olt sont équipés d’épiceries. Prévoir au moins une réserve d’eau de 1,5 L et quelques encas reste prudent.

Accès et retour

  • Départ : Le Puy-en-Velay est desservi par le train (ligne TER directe depuis Lyon ou Clermont), bus et covoiturage.
  • Arrivée : Depuis Conques, liaisons en bus vers Rodez et Figeac, puis SNCF.
  • Pour les autres variantes, Clermont-Ferrand ou Cahors sont les têtes de réseau principales de la Via Arverna.

Bien s’équiper pour l’itinérance sur le Massif Central


  • Bâtons de marche : recommandés pour l’Aubrac pour ménager les articulations sur les longues descentes.
  • Chaussures : privilégier des tiges montantes, semelles crantées (la rocaille des drailles d’Aubrac s’avère parfois redoutable).
  • Protection contre la pluie : même en été, le plateau peut être soumis à des brouillards denses et averses imprévisibles.
  • Cartes IGN ou application GPS en complément du balisage.
  • Un sac léger : viser moins de 10 kg, eau comprise, pour limiter la fatigue sur les longs jours de marche.

Il n’est pas indispensable de s’équiper d’une tente (hors camping), mais un sur-sac ou une cape de pluie peuvent s’avérer précieux pour les traversées exposées au vent.

Enfin, une trousse de premiers secours, une couverture de survie et un téléphone chargé (même si certains secteurs restent peu couverts) sont des précautions élémentaires.


De la rencontre et du patrimoine : marcher autrement


Au-delà de la performance, la marche sur les chemins de Compostelle dans le Massif Central est une rencontre – avec l’autre, avec l’histoire, et souvent avec l’imprévu.

  • Rencontrer un buronnier dans l’Aubrac, goûter l’aligot autour de Laguiole, écouter le son de la cloche d’un troupeau au loin.
  • Faire halte devant une église romane aux chapiteaux mystérieux (Saint-Pierre de Bessuéjouls), ou pousser la porte d’un refuge accueillant, parfois pour une simple soupe chaude partagée.
  • Admirer les paysages grandioses du plateau d’Aubrac, classé Parc naturel régional, et comprendre comment la transhumance a modelé ces étendues.

La magie du Massif Central réside dans cette alliance rare de solitude, d’authenticité et d’échange, qu’on soit pèlerin de cœur ou simple randonneur avide d’horizons nouveaux.


Pour aller plus loin : variantes et astuces de marcheur


  • Varier son chemin : essayer la variante menant au rocher de Roquelaure (après Saint-Chély d’Aubrac), pour une vue spectaculaire sur la vallée du Lot.
  • Prendre son temps : accorder une journée supplémentaire à Conques, joyau d’art roman classé à l’UNESCO, pour explorer l’abbatiale et ses chapiteaux sculptés.
  • Expérimenter la « demi-étape » : couper les longues portions Nasbinals–Saint-Chély ou Saugues–Le Sauvage pour s’offrir une halte contemplative, loin du flot organisé.
  • Profiter des réseaux locaux : De nombreux offices de tourisme et associations jacquaires aident en cas de besoin logistique (transfert de bagages, dépannage, retour).
  • Diversifier ses supports : Certains randonneurs modernisent leur expérience grâce à des applications mobiles comme « Chemins de Saint-Jacques » (FFRandonnée), ou partagent leurs traces et anecdotes sur des forums spécialisés pour s’inspirer des récits d’autres marcheurs (source : Visorando).

Cheminer au rythme du Massif Central


Préparer une randonnée itinérante sur les chemins de Saint-Jacques dans le Massif Central, c’est l’art d’ajuster son pas au relief, à la météo, aux matins brumeux et à la chaleur d’une soupe servie à la nuit tombée. Ces sentiers invitent chacun à écrire sa propre histoire, au fil des rencontres et des paysages. Pour qui rêve d’aventure douce, de terres d’ailleurs à portée de semelle, ils offrent la promesse de véritables retrouvailles avec la nature, la culture et le plaisir simple d’avancer. Sources principales : Fédération Française de Randonnée, Météo France, Chemins de Compostelle, Visorando, sites officiels des Offices de tourisme concernés.


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